L'Euro noir des Bleus
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Il y a des jours comme cela. Les championnats d'Europe à Montpellier devait être une fête. Ils tournent au cauchemar. Deux jours après Yann Chucherat, Samir Aït-Saïd s'est blessé à un genou lors du concours par équipes samedi plombant un peu plus le moral des Français. Seul Gaël Da Silva médaillé de bronze au sol apporte un peu de lueur dans cet Euro bien maussade.
"Nous sommes abattus. Des Championnats d'Europe chez nous qui devaient être une belle fête sont en train de tourner au cauchemar", a lâché l'entraîneur de l'équipe de France, Laurent Guelzec. "Le coeur n'y est plus. Déjà la blessure de Thomas avait marqué les esprits, la blessure de Yann a encore remarqué les esprits, et là sur le premier agrès, Samir se blesse... Les autres tout au long de la compétition n'avaient qu'une crainte: se faire mal". "On va dire que le mauvais sort chez nous, il est fort !", a avancé Daniel Goury, le directeur technique national. Il pointe la course à la qualification olympique de l'équipe, décrochée au rattrapage en janvier et qui a mis les athlètes sous tension physique et nerveuse de longs mois. Et qui se répète ce printemps pour les gymnastes, désireux de montrer de quoi ils sont capables pour assurer leur place dans le collectif olympique.
Pas de JO pour AÏt-Saïd
Ils étaient venus avec des ambitions de médailles et l'envie de tester leurs nouveaux enchainements. Pénalisés par le forfait de Cucherat, le grand spécialiste français des barres, qui en chutant jeudi s'est fait mal à deux doigts, les Bleus n'avaient déjà plus guère de chance de jouer le podium. La blessure d'Aït-Saïd a rangé les espoirs de médailles par équipe. Ce mince espoir s'est évanoui d'entrée, au saut de cheval, quand Samir Aït-Saïd s'est écrasé, les mains en premier, à la réception de la lune double salto avant demi-tour, un des deux sauts qui lui avait valu l'argent européen l'an dernier à Berlin. Le triple médaillé européen, qui sortait à peine d'une fracture de fatigue d'un tibia, a passé dans la soirée une IRM (imagerie par résonance magnétique) qui a mis en évidence un traumatisme important du plateau tibial de la jambe droite. Il devait être rapatrié à Paris pour y subir une intervention chirurgicale. Samir Aït-Saïd voit s'envoler deux médailles au saut de cheval et des anneaux, qui lui étaient promises en finales dimanche. Mais aussi peut-être beaucoup plus, puisqu'il est forfait pour les JO. Son indisponibilité est évalué au moins quatre moins.
Malgré ces coups durs, l'équipe de France s'était surpassée jeudi pour décrocher huit places en finale. Mais Cyril Tommasone (7e aux arçons) et Gaël Da Silva (4e au sol) n'ont pas accroché une médaille. Il restait encore Hamilton Sabot (aux barres parallèles et à la barre fixe). Mais c'est déjà un Euro à oublier. "Maintenant, on va faire ce qu'on sait malheureusement faire: leur remonter le moral, car l'objectif reste les jeux Olympiques", soupire le DTN. Sur la route des Jeux de Londres, les Britanniques foncent, eux, à belle allure. L'équipe masculine a apporté à la gymnastique insulaire sa toute première médaille d'or par équipe, par moins d'un petit point d'avance sur les Russes, qui ont pris l'argent.
Da Silva, l'exception
Des cinq gymnastes de l'équipe, il était, sur papier, le seul à n'avoir quasiment aucune chance de médaille, tant son mouvement n'était pas assez riche en difficultés pour prétendre au podium. Mais Gaël da Silva, malgré une cheville gauche douloureuse, a su créer la surprise, bien aidé par les faux-pas d'autres concurrents. Et en a eu une belle quand il a su que la médaille de chocolat qui lui était attribuée sur le tableau de score s'était transformée en bronze après correction par le jury de sa note trois heures plus tard. Ce petit coup de chance en clôture des Championnats d'Europe offre comme "une bouffée d'oxygène" aux Français, qui étaient depuis le début jeudi englués dans les blessures.
Il "a bien marqué des points" en vue de la sélection dans l'équipe de France olympique, avec "une médaille, la plus inattendue", comme le souligne Laurent Guelzec, l'entraîneur français: "Cela récompense tous les efforts qu'il a faits après ses blessures. Car s'il y en a un qui a eu des blessures, c'est bien lui. Sans cela, il serait aujourd'hui avec les meilleurs".